Shöshitsu
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 [Libre] N'est pas doué qui le veut ...

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Fubuki Ikeda

Fubuki Ikeda


Messages : 4
Date d'inscription : 27/06/2012

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MessageSujet: [Libre] N'est pas doué qui le veut ...   [Libre] N'est pas doué qui le veut ... Icon_minitimeLun 3 Déc - 18:40

Fubuki tremblait.

Seule dehors en cette fin de journée maussade, elle frissonnait, traversée de toutes parts par le vent glacial qui sifflait dans les rares feuilles ornant encore les arbres. Le doux soleil de l'après-midi déclinait lentement à l'horizon, découpé en raies de lumière par les hauts immeubles de la ville. C'était l'automne, sans aucun doute : d'épais nuages grisâtres s'amoncelaient dans le ciel et l'air sentait la pluie et la sève des conifères, la brise portant les odeurs emplissant la forêt située à la sortie de Shöshitsu.

Mais pour l'heure, la demoiselle n'avait que faire de la douceur agréable de cette fin d'après-midi automnale. Parcourant les rues peu fréquentées d'un pas pressé, un problème tout autre que l'odeur de l'air lui faisait froncer les sourcils, affichant une moue contrariée sur son visage : elle avait perdu son livre, son précieux manuel d'histoire qu'elle se plaisait à lire à l'ombre d'un arbre, bercée par le léger flot de la fontaine. Elle entendait presque les soldats de la guerre d'indépendance des États-Unis l'appeler à l'aide, égarés dans l'immensité des allées parfois malfamées.

La jeune fille secoua la tête. La fatigue et le froid la faisaient divaguer, forcément. Et la peur presque phobique qu'elle développait à l'encontre de la gente masculine n'avait de cesse de lui rappeler que traîner seule à cette heure, dans cette ville, ce n'était pas des plus judicieux. Mais tout de même, l'idée de laisser son précieux volume et de rentrer chez elle l'ennuyait quelque peu. Et puis, songea-t-elle en enfouissant sa main dans sa poche pour caresser son contenu du bout des doigts, elle avait toujours le cran d'arrêt que lui avait confié cet étrange chef de gang. L'arme ne lui avait jamais vraiment servi, mais c'était toujours plus rassurant de l'avoir, et elle était reconnaissante au trafiquant, bien qu'il soit assez bizarre et limite flippant. A bien y réfléchir, c'était certainement le lot commun d'une bonne partie de la ville …

Fubuki secoua la tête, stoppant l'égarement de ses pensées, et reprit ses recherches. Elle passa brièvement devant le gymnase qui semblait, de l'extérieur, désespérément vide, longea le parc, s'approcha même des rues menant aux bas-fonds. Ce n'est qu'au bout de presque une heure, seule et frissonnante dans une rue du centre-ville bordée de magasins, qu'elle dut admettre que son livre était bel et bien perdu et qu'il était peut-être ridicule de s'obstiner, désormais. Levant les yeux vers la vitrine d'une boutique, le verre de celle-ci lui renvoya le reflet d'un jeune garçon aux cheveux roses et aux traits efféminés. Les pupilles bleutées de son double se voilèrent en même temps que les siennes, tandis qu'elle se détournait de la surface froide et inanimée. Son apparence n'était qu'une vaste blague, rien de plus. Elle n'avait plus qu'une envie, désormais, c'était de rentrer chez elle et d'en profiter pour mettre une tenue un peu plus féminine que les vêtements amples qu'elle portait et qui restaient tout de même trop légers pour la température extérieure. Elle ne pouvait s'habiller de vêtements plus convenables que chez elle. Et puis, cela faisait plaisir à sa mère …

Un énorme grondement retentit dans toute la ville, faisant sursauter la jeune fille tandis qu'un éclair scindait le ciel dans un flash. Super, l'orage était de la partie, maintenant … Perdant tout espoir de retrouver son cher manuel dans un état honorable – et même de remettre la main dessus, en fait -, la demoiselle se mit à courir tandis que les nuages noirs et denses laissaient s'échapper les premières gouttes de pluie glacées. Bien vite, ce furent de véritables trombes d'eau qui se déversèrent sur la ville, ses rues et les malheureux qui s'y trouvaient encore.

Fubuki courut longtemps, tenant de retrouver le chemin de chez elle – objectif plutôt ardu par temps d'orage dans une nuit noire. La pluie battante la contraignait à baisser le regard sur le sol et elle tentait de rentrer à l'aveugle. L'eau commençait à s'infiltrer dans ses vêtements, glissait insidieusement dans sa nuque, la pétrifiait peu à peu. Ses cheveux roses détrempés collaient à son visage et l'eau qui en gouttait troublait sa vue. Le bruit de ses pas, clapotement détrempé de ses chaussures brisant l'horizontalité de la surface des flaques d'eau, résonnait dans les rues qu'elle parcourait, troublant le quasi-silence.

La jeune fille finit par repérer, enfin, un abri qui lui permettrait d'être au sec, au moins temporairement. Elle s'y précipita en dérapant sur la chaussée détrempée, pressée par la pluie et secouée de tremblements incontrôlables. Elle s'engouffra dans le petit espace protégé par un porche et se colla au mur froid avec un soupir. Elle n'avait aucune idée d'où elle se trouvait et l'humidité et le claquement incessant de ses dents l'empêchaient de réfléchir correctement.

Fubuki se laissa doucement glisser en position assise tandis qu'une flaque se formait peu à peu autour d'elle. Un rapide coup d’œil dans la fine vitre à côté d'elle lui confirma ses doutes : elle avait l'air pitoyable. Son reflet la regardait avec un air de pitié, morne, ses cheveux dégoulinant lamentablement et ses vêtements ne ressemblant plus à rien, la pluie les ayant rendu plus foncés.
Elle éternua.

Le son résonna dans la petite cavité que formait le renfoncement qui lui servait d'abri, quasiment étouffé par le bruit de l'eau heurtant le sol avec violence. Elle était coincée là, et certainement pour un bon moment ; l'avantage, c'est qu'avec un temps pareil les détraqués ne devaient pas plus traîner dehors que les honnêtes gens. Enfin, par précaution …

Fubuki sortit le cran d'arrêt et son portable de sa poche, ramenant ses jambes contre elle et serrant l'arme contre son semblant de poitrine. Le téléphone ne lui servait pas à grand chose par ce temps et ne faisait que baigner son visage d'une lumière blanche morne et froide. Elle n'allait quand même pas rester là toute la nuit, si ?

Fatiguée et frissonnante, la jeune fille leva doucement sa main devant ses yeux, fixant ses doigts tendus. Des tremblements incontrôlables l'empêchaient de la garder immobile, et elle commençait à se sentir mal – en plus de la fatigue qui l'envahissait doucement, bercée qu'elle était par le clapotement de la pluie à même pas un mètre d'elle. Collant son front contre ses genoux, elle n'entendit pas les pas de la personne qui se frayait un chemin à travers la pluie glacée.
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